Je reviens des Etats Généraux de la Femme, organisés par Elle dans les locaux de Sciences Po. Je n’ai malheureusement pu assister qu’à la matinée. Mais il faut quand même que je vous dise à quoi ça ressemblait.
Imaginez un amphi plein à craquer de 99% de femmes. De toutes sortes de femmes, de tout âge et de toute condition : des étudiantes, des quadras et + , des représentantes du personnel, une sénatrice de Marseille, des journalistes, des vouzémoi…
L’introduction de Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle nous a rappelé les propositions des Etats Généraux de la Femme de 1970. Est-il besoin de rappeler que, cette année-là, les femmes n’avaient obtenu de droit de travailler sans l’accord de leur mari que depuis 5 petites années ?
Il y a 40 ans
Elles demandaient, entre autres, nos féministes de l’époque :
- que la maternité ne soit plus pénalisée dans le monde du travail
- que le divorce puisse être obtenu par consentement mutuel et non plus uniquement pour faute
- une mixité totale de la maternelle aux grandes écoles
- davantage de crèches
- un bilan de santé annuel pour les femmes à partir de l’âge de 3 ans
- la composition des produits de beauté notée sur les emballages
Depuis 1970
- Polytechnique n’est devenue mixte qu’en 1972,
- la gratuité et l’anonymat concernant la contraception ne sont intervenus qu’en 1974
- la loi pour la légalisation de l’avortement, c’est 1975
- (c’est drôle, j’avais oublié), l’égalité des parents dans l’exercice de l’autorité parentale date de … 1987.
Les personnalités
La première partie de cette journée a présenté un moment fort et un moment symbolique.
Moment émouvant, très émouvant : la standing ovation prolongée que tout l’amphi a entonné, comme un seul homme (ben oui) à l’arrivée de Mme Veil, présidente d’honneur de cet événement. Ma voisine et moi étions même aussi surprises l’un que l’autre de réaliser que nous avions l’oeil humide à voir « en vrai » cette dame âgée, à la fois si frêle et si forte.
Quant au moment symbolique : la remise du livre blanc des 24 propositions issues des Etats Généraux à M. Fillon. Lors de son allocution, il s’est vanté (mais pourquoi pas) que son gouvernement ait été à l’initiative de l’inscription de l’égalité professionnelle dans la constitution et du succès de la loi contre le port du voile à l’école (ah oui ?).
La table ronde Femmes et pouvoir
L’enquête de Elle montre que 88% des femmes trouvent difficile la conciliation vie privée/vie professionnelle.
Nulle ne sera surprise d’apprendre que 93% des femmes rencontrent de la misogynie dans le monde du travail.
Je vous laisse imaginer la verve de Nathalie Kosciusko-Morizet dont le fameux franc-parler nous a fort éclairé sur le fonctionnement des partis politiques vis-à-vis des femmes. Le naturel de Cécile Duflot a fait merveille lorsqu’elle a affirmé qu’il n’y avait aucune différence entre les sexes dans l’exercice du pouvoir. Elles ne sont pas d’accord sur le mode de scrutin idéal (proportionnel ou uninominal ?) mais partagent la même vision des relations homme/femme dans les instances politiques.
Quotas ou pas quotas ?
J’étais déjà impressionnée par la réussite d’Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva. Son opinion sur les quotas de femme dans les comités de direction rejoint la mienne: qui dit quota dit doute sur la légitimité. Oui, mais, si pendant des années, rien ne bouge, on fait quoi ? Elle, elle fait (ou fait faire).
En tout cas, elle affirme avec raison qu’il y a 20 ans, la question était celle de la compétence des femmes. Ce point est résolu, aujourd’hui.
La misogynie, elle, n’a pas disparu, surtout, a-t-elle précisé avec cet humour pince-sans-rire qui lui est propre, lorsque « les choses deviennent vraiment importantes ! »
Toutes les femmes qui exercent des fonctions à responsabilités se sont forcément reconnues dans leurs interventions.
Tous les détails dans les numéros de Elle du 7 et du 14 mai. Mesdames, achetez-les !
Note : mon avis est donné de façon indépendante. Je ne gagne rien sur les biens dont je parle dans cette rubrique.