
Nous le regardons 47 fois par jour (c’est encore une moyenne) et il se passe 19 minutes entre chaque consultation.
Comment se fait-il que nous n’ayons apparemment aucun recul sur nos pratiques? Pourquoi reste-t-on collé à cet écran?
D’abord, nous connaître
Les développeurs des applications que nous utilisons le plus souvent sont parfaitement briefés sur le comportement humain. Ils ont observé et tracé notre comportement individuel et ont adapté leurs produits régulièrement en conséquence, parfois avec l’aide de collègues comportementalistes.
Idéalement, l’application s’adapte à chacun d’entre nous en fonction de ce qui a marché ou pas lors de nos utilisations précédentes.
Comprendre: ce qui a marché = ce qui nous a maintenu sur l’application.
Pourquoi?
Vous avez sûrement remarqué que l’on vous incite à remplir de nombreuses rubriques sur vos goûts, vos occupations, particulièrement sur Facebook?
Facebook vous permet de bavarder avec vos amis mais c’est surtout une régie publicitaire. Les administrateurs des pages ont accès à des statistiques de toute sorte vous concernant, non seulement vous, mais aussi vos amis et leurs amis.
La fameuse devise « si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » se traduit par: « plus l’utilisateur est collé sur l’application, plus on en apprend sur lui et plus il prend de la valeur marchande au moment de vendre son profil détaillé à des annonceurs ».
Le produit idéal, c’est celui sur lequel on reste collé
Nos fameux éditeurs d’application plaisantent entre eux sur le produit idéal.
Devinez ce que serait l’application idéale pour ces joyeux drilles?
Celle qui serait si prenante que vous préfèreriez porter une couche plutôt que de vous interrompre pour aller faire pipi (diaper product).
Comment ça marche, l’addiction?
Notre cerveau possède deux circuits neuronaux différents pour contrôler notre comportement.
L’un, plus difficile à mobiliser, qui sert à nous permettre d’atteindre nos objectifs à long terme, et l’autre, plus automatique et facile à influencer.
Lorsqu’on reçoit un signal (notification Facebook, par exemple), qui précède souvent une récompense (satisfaction de notre curiosité, un « j’aime » de plus…) ce deuxième système de neurones reçoit une « bouffée » de dopamine, ce neurotransmetteur lié à l’anticipation du plaisir.
Si vous répétez plusieurs fois cette base du conditionnement: signal-action-récompense, eh bien, vous créez… une habitude. Cool. Et une habitude qui est renforcée peut devenir une addiction.
Des récompenses indispensables
Dès lors, il ne reste plus à nos chers développeurs qu’à varier les récompenses: ils vont vous offrir des points, des étoiles, une flopée de pouces bleus… à des moments imprévisibles.
Pourquoi imprévisibles?
Parce que vos neurones produisent plus de dopamine quand ils anticipent une récompense mais ne savent pas exactement quand elle va arriver.
Alors, toujours en s’appuyant sur la connaissance du fonctionnement de ce réseau de neurones, on va aussi créer des écrans « sans fond », c’est-à-dire que vous voyez toujours un petit bout d’informations, dans le bas ou sur le côté, qui vous incite à aller voir la suite, comme sur Pinterest ou encore Youtube, et ses videos qui peuvent s’enchaîner à l’infini…
Vous avez déjà vu la fin d’une page web sur Facebook, Twitter ou Instagram? Eh non. La curiosité des homo sapiens est sans limite. Sa satisfaction est la récompense.
Addiction particulière au smartphone
Certes, le phénomène n’est pas nouveau. Il n’y a qu’à penser aux séries à suspens ou aux machines à sous des casinos pour reconnaître la démarche.
Mais c’est la première fois qu’un appareil nous suit partout et qu’on peut l’empoigner à tout moment. Pas comme la télévision ou une machine à sous.
En dehors des applications purement utilitaires (banque, météo, transport…) que nous consultons simplement, ce sont donc les réseaux sociaux à qui profitent notre dopamine. Et nous voilà ciblés et … captifs.
- Envie de lutter contre le technostress?
- Faut-il absolument être high-tech pour s’organiser?
- Vous êtes en train d’attendre? Manipulez votre smartphone utilement.
Bonjour Laurence,
comment devenir addict au ménage plutôt qu’à mon PC ou smartphone ? Est-ce que si je passe du temps dans le rangement ou à suivre ma to-do-list tous les jours, je deviendrais addict 😉 ?
Merci Laurence pour vos merveilleux articles.
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Babar, merci pour votre retour (et votre gentil commentaire ;)). Vous nous direz, à propos de doudou, comment se passe votre sevrage.
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Laurence, je vous a-do-re.
Vous avez la manière parfaite de nous donner des conseils intelligents sans nous culpabiliser, avec humour, le meilleur moyen que (peut-être) un jour nous arrêtions d’être des écureuils ou que nous arrivions à bien gérer nos moutons 😉.
C’est finalement cer article un peu « hors » organisation qui me fait réagir.
Un électrochoc : quoi, nous passons plus de 5h par jour sur notre smartphone ??? Tout ce temps sur notre « doudou chouchou » alors que justement, nous nous plaignons de manquer de temps ?
Du coup, j’essaie de le laisser de côté au fil de la journée, quitte à me dire que je gagnerai du temps si je le prends même une heure (deux heures aussi ?) le soir au lieu de plein de micro-moments dans la journée.
PS : Vous avez une très jolie voix et une manière très agréable et douce de parler.
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Merci pour ce billet très intéressant. Je possède moi même un blog et j’avoue que cela n’aide pas à prendre du recul face à mon téléphone et toutes ces notifications. je ne désespère pas d’être moins addict
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Billet trèèèèèèès instructif, merci Laurence! Et qui laisse quand même perplexe au bout du compte. Sans faire de la philosophie de comptoir, on peut se demander ce que ça nous rapporte….mais pourrait-on faire « sans » comme autrefois? Je ne pense pas non plus! 😉
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Etre connecté à internet, pourquoi pas ? Ca peut être très utile.
À fesse-bouc, non merci ! (sur quelque support que ce soit…)
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Très intéressant Laurence… C’est pourquoi je garde le même portable depuis novembre 2011 et je ne veux surtout PAS pouvoir le connecter à internet…. Je fais déjà pas mal de sms dessus, ça suffit…
A bientôt
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