Il faut que je me bloque du temps pour …

C’est ce que l’on me répond souvent, en formation, lorsque je demande « si vous deviez vous y mettre là, maintenant, à ce projet, que feriez-vous?  » Or, si cela semble logique, « se bloquer du temps pour faire… » est peut-être une erreur.

Je vais tenter de vous en convaincre.

Si vous considérez vos journées comme une succession de « blocs de temps » à remplir, cela signifie que:

1– Vous croyez que votre niveau d’énergie est constant et que vous pourrez caser cette tâche, n’importe quand dans les trous que vous laissent les périodes contraintes (réunions, rendez-vous…).

Or, c’est faux. Si vous êtes « du matin », vous arrivez à vous concentrer vite et bien… le matin. Et, évidemment, c’est le contraire pour les personnes de « l’après-midi/soir ».

Autrement dit, se bloquer du temps l’après-midi pour un travail de réflexion, par exemple, est une mauvaise idée si vous êtes « du matin »: vous traînerez à vous y mettre, vous y passerez plus de temps, le résultat risque d’être moins bon.

2– Vous croyez que rien ni personne ne viendra vous déranger pendant ce créneau bien bloqué. Même pas vous-même. Ah bon?

Nous nous sommes tous faits avoir, au moins une fois, lorsque nos savantes planifications ont volé en éclat à cause d’un client, d’un collègue, d’un manager, d’un enfant… voire de notre propre cerveau récalcitrant. Procrastination, vous dites?

3– Vous croyez que tout devrait être planifié, même les tâches de loisir. Permettez-moi, à ce sujet, de vous raconter l’histoire des cookies de l’Ohio.

Selin Malkoc, professeur de marketing au Fisher College of Business de l’université de l’Ohio l’a mise au point.

Elle installe un stand sur le campus et distribue des bons aux étudiants leur offrant un cookie gratuit.

Aux uns, elle donne un créneau horaire large pour aller récupérer le cookie (entre 18h00 et 20h00) et à d’autres, elle explique que, pour des raisons évidentes de fabrication et de livraison, il faut qu’ils indiquent une heure précise à laquelle ils pensent aller chercher leur cookie.

Puis on leur fait passer un questionnaire évaluant, entre autres, leur satisfaction. Si les étudiants qui ont indiqué une heure précise ont montré une plus grande probabilité de venir, ceux qui n’avaient pas de contrainte de temps auto-imposée ont répondu avoir éprouvé 18% de plaisir en plus à la dégustation de leur cookie.

Qu’en penser, me direz-vous (en dehors du fait que les étudiants restent une matière première dont on ne saurait se passer pour les études psychologiques)?

Eh bien, que la planification des activités de loisirs les prive de leur charme: la spontanéité, par exemple.

Sur le même thème, la recherche montre que planifier de façon excessive notre temps nous donne l’impression… que nous en avons moins! Ce sera le sujet d’un prochain article.

Photo Aron Visuals via Unsplash

10 Commentaires

Classé dans Apprendre à s'organiser, Comment s'organiser au travail, FBI (Fausses Bonnes Idées), Se former à l'organisation personnelle

10 réponses à “Il faut que je me bloque du temps pour …

  1. floflon

    Cathie, vous me faites rougir.

    J’aurais dû préciser que j’ai toujours essayé de ne pas tomber dans un stress excessif à gérer. N’étant pas hyperactive, je refuse qu’on me complique la vie. Les rares fois où j’ai été malgré moi plongée dans des situations qui ne me convenaient pas… je déprimais et… je ne planifiais rien!

    Pour suivre souplement un planning, il faut avoir l’esprit détendu et ne pas être perfectionniste en voulant y caser dedans trop de choses à faire.
    D’ailleurs, «Se simplifier la vie» est le livre de Laurence que je préfère.

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  2. Cathie

    Flonflon, je vous envie 🙂
    Bravo !

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  3. flonflon

    La façon de s’organiser de Filo me rappelle la mienne, même si ne suis pas certaine d’avoir bien compris l’expression «organiser n’est pas planifier».

    J’ai toujours planifié en prévoyant des temps de rattrapages dans mes emplois du temps (déjà à l’adolescence pour mes études secondaires, en annexe de ceux imposés par l’institution): ça sert de soupape de sécurité en cas d’imprévu (que ce soit dû à des causes externes mais aussi à sa propre procrastination et c’était souvent le cas tout au début à l’école!).
    S’il n’y a rien à rattraper (rare à certaines périodes de la vie et maintenant à la retraite plus fréquent), on peut en profiter pour:
    _se détendre (la plupart du temps) ou
    _peaufiner certaines tâches ou même (selon l’humeur du moment)
    _prendre de l’avance sur certaines activités prévues pour plus tard.

    J’ai donc l’impression d’avoir passé ma vie à faire des plannings, librement suivis et, le cas échéant, ayant à faire des rattrapages (pour les choses plutôt importantes surtout). Ils sont pour moi, en quelque sorte, un «fil conducteur» et ça correspond, peut-être, à ce que Filo appelle une «grille d’organisation».

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  4. Librarian

    Dommage que je n’aie pas lu ce post le 9, parce qu’aujourd’hui, nous sommes au lendemain d’un jour férié ensoleillé dont le déroulement a été un beau gâchis. Voici ce que j’avais plus ou moins prévu (sans pour autant que ça soit gravé dans le marbre) : lever vers 8h/ matin : nettoyage cuisine, sbd, wc (ce ménage est de toutes façons fait habituellement le jeudi à mon retour du travail) – téléphoner à ma mère – aider mon fils pour son exposé – préparer la paella du midi et les galettes de lentilles du dîner – checker la journée du lendemain. Après midi : musée du cinéma, goûter en ville, balade à pied pour le retour, avec prise de photos parce que ça fait hyper longtemps qu’on n’a plus de photo en famille. Début de soirée : jeux, puis un tour de rangement.
    Bien sûr, ça ne s’est pas DU TOUT passé comme ça. J’ai bien soigneusement évité de faire les trucs les + précieux, pour m’adonner à une alternance corvées/glandage qui m’a laissé sans énergie et jetée sur mon lit dès 21h. Alors, dimanche prochain, je vais me planifier une grande journée à rien f… et on verra ce qu’il en ressort. Au pire, j’aurai la satisfaction d’avoir fait qui était écrit 🙂

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  5. Filo

    J’ai envie de dire « organiser n’est pas planifier! » Je ne suis pas spécialiste ni vraiment calée pour en parler, ma modeste expérience de famille nombreuse me laisse penser que plutot que planifier tout y compris les pauses -pipi (oui je sais que certaines copines le faisait! ;)) c’est mieux d’avoir une grille d’organisation qui supporte les décalages et les imprévus (prévoir tout, même ce que personne n’a prévu, pour n’être pas prise au dépourvu!) et de faire avec ce que la journée fait… Et savoir apprécier quand ça roule et que tout est fait en temps et heure! Se refuser à planifier pour « rester libre » n’est à mon avis et au vu de certains résultats pas une bonne formule non plus….

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  6. Cathie

    Merci Julie 🙂

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  7. Anne, c’est très vrai: la motivation pour faire quelque chose qui n’a pas de vraie date-limite ne tombe pas du ciel. Je vous propose de (re)-lire les articles sur la procrastination et la motivation, en tapant ces mots-clés dans le moteur de recherche en haut à gauche du blog. Et puis aussi celui-ci: https://sorganiser-facile.com/2016/02/08/lart-de-la-to-do-list-vraiment-utile/ J’espère que vous y trouverez des pistes 😉

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  8. julie

    Cathie votre commentaire est passionnant, matière à réflexion pour toutes les mamans pressées

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  9. Anne

    Mais alors, on fait comment? Parce que si on ne planifie pas un minimum, on ne fait rien… et je suis bien placée pour le savoir, parce qu’ici, on n’est pas très doué pour la planification, alors on ne part quasiment jamais en vacances, parce qu’on n’est pas capable de s’y prendre à l’avance pour réserver. Et quand on est procrastinateur, si on attend que l’envie vienne toute seule, on peut attendre…

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  10. Cathie

    « la recherche montre que planifier de façon excessive notre temps nous donne l’impression… que nous en avons moins!  » Comme c’est vrai !!!!
    Des années que je me fais des plannings, j’en refais un chaque fois que je change d’activité, j’ai commencé quand ma fille était en maternelle elle a 36 ans aujourd’hui.
    Je prends ma semaine, je bloque sur le tableau le temps de sommeil, je bloque les impératifs (temps de travail salarié, aller au marché il n’est là qu’une fois par semaine, etc…)
    Combien d’heures me reste-t-il? Combien de temps je dois passer AU MINIMUM à faire du ménage pour respecter l’hygiène de mon domicile? Combien de temps pour cuisiner, pour le linge, l’administratif, pour pour et pour… même le temps de partage en famille est compté pour être sûre que je ne le néglige pas.
    Résultat du planning fait au quart d’heure près:
    Je ne peux pas tout mettre. Entendez par là, je ne peux pas programmer ce que je considère comme un minimum. D’où énorme frustration, d’où course contre la montre toute ma vie durant.
    Et pourtant, aujourd’hui, à l’automne de ma vie, je suis bien obligée de constater que le monde ne s’est pas écroulé parce que je n’ai pas fait la moitié de ce que j’avais prévu sur l’ensemble de ma vie.
    Mon dernier défi:
    Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre, mais j’aimerais bien réussir UNE chose, ranger pour ne pas que ma fille hérite d’un capharnaüm dans lequel elle sera incapable de retrouver les quelques souvenirs qu’elle aurait aimé conserver avant de faire venir une entreprise de déblayage.

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