Si je vous demande combien vous gagnez, vous savez me répondre rapidement. Mais si je vous demande combien vous rapporte votre travail? C’est-à-dire combien d’argent reste vraiment dans votre poche?
Mais Laurence, vous étonnez-vous mezzo voce, c’est la même chose, non?
Eh non. Travailler a un coût. Et on le sous-estime souvent. Je vous montre?
Pour pouvoir travailler, il vous faut:
– un mode de déplacement, carte d’abonnement aux transports, voiture (incluez essence, assurance, révisions)…
– un mode de garde si vos enfants sont petits.
Ajoutez la baby-sitter après l’école si besoin. Ou le centre de loisir le mercredi.
– des vêtements décents et… raisonnablement à la mode et variés.
Je parie que vous ne vous habillez pas en semaine comme le week-end. Et que vous n’aimez guère porter deux jours de suite la même tenue
– un rendez-vous régulier chez le coiffeur. On ne peut pas toujours se contenter d’une ‘tite barrette/chouchou pour être présentable au bureau
– un repas le midi. Même à la cantine, ce n’est pas gratuit. C’est en tout cas plus cher que ce que vous cuisineriez vous-même
– des plats cuisinés/surgelés/à emporter parce que, le soir, vous n’avez ni le temps ni l’énergie de faire à manger
– des distractions reposantes: série TV, jeux vidéos… pour vous remettre de vos longues et pénibles journées de travail
– des vacances, pour la même raison
Imaginons que vous inscriviez vos propres chiffres en face de chacune de ces dépenses, induites par le fait que vous travaillez. Et imaginons que vous en fassiez l’addition. Puis soustrayez ce montant du salaire indiqué sur vos feuilles de paie.
Eh bien, c’est cela que vous rapporte votre travail.
Certaines ont fait le calcul: c’est négatif. Autrement dit, travailler leur coûte de l’argent.
Et vous, avez-vous fait ce calcul? Qu’est-ce que ça donne? Avez-vous choisi votre activité professionnelle en tenant compte de ces « dépenses cachées »? Qu’avez-vous mis en place pour rendre votre job plus »rentable »?
Peut-être que si nous étions seuls au monde, nous n’aurions aucun mal à tenir notre budget.
Considérons tous ces moments où notre entourage s’attend à ce que nous dépensions de l’argent:
Au travail: fins de période d’essai, départs, mariages, anniversaires et maintenant, grâce aux américains, « baby showers »: autant d’occasion de faire la quête, merci Martine de t’en être chargée.
Nos enfants: portable dès la fin du CM2, anniversaires (les leurs et ceux de leurs copains, c’est important d’être populaire!), passage en classe supérieure, Halloween (merci les américains, encore eux), bac, permis de conduire, entrée dans la vie active, shopping de rentrée, shopping inter générationnel de récréation, Mc Do en famille… ils s’attendent, « parce que tout le monde fait comme ça » à ce que les parents achètent, achètent.
Notre famille: si les revenus sont différents entre frères et soeurs, on peut se retrouver à gâter davantage ses neveux et nièces « parce qu’ils y sont habitués » que ses propres enfants.
Nos amis: repas au restaurant (mais si on ne boit pas de vin et qu’on ne prend pas de dessert?), collecte pour les cadeaux groupés, vacances légèrement au-dessus de nos moyens, loisirs coûteux, shopping entre copines… mais comment peut-on résister?
Nos voisins: nouvelle voiture, jardin impeccable grâce à un jardinier, décorations de Noël tape à l’oeil, écran plat dont on ne voit que le carton le jour des encombrants… on ne serait pas un peu à la traîne, des fois?
Alors, que faire?
Paraître « pauvre » peut sembler douloureux.
Refuser des achats à ses enfants peut sembler cruel.
Ne pas participer aux activités payantes mais amicales peut sembler snob.
C’est pour cela qu’on devrait se contenter d’un joli sourire et d’une explication simple « nous économisons pour …. (remplir les blancs) » ou « nous avons abusé dernièrement, on colle à notre budget pour le moment ».
Tout le monde peut comprendre ça. Et, bizarre, vous ferez même des envieux. Eux aussi, si ça se trouve, ils sont dans le rouge.
On pourrait dire que l’organisation personnelle sert à tirer profit des ressources qui nous sont comptées:
le temps
l’énergie
l’espace
et… l’argent
Aujourd’hui, j’attaque la dernière de ces ressources, via un sujet sensible: le budget.
Il se trouve que la gestion de l’argent n’était pas abordée dans ma famille. On ne m’a jamais montré comment faire. A l’évidence, sans être riches, mes parents savaient s’y prendre. Mais les enfants n’étaient pas associés à ce genre de discussions.
J’ai donc dû « réinventer la poudre » quand il a été question de me préoccuper de mes finances. Comme souvent, lorsque je suis confrontée à une situation inconnue, j’ai tendance à me tourner vers les livres ou internet.
C’est drôle, on aurait dit que la création du budget allait de soi (tiens, tiens, comme le rangement?). Il suffisait de faire la différence entre ses entrées d’argent (réputées régulières) et ses sorties obligatoires. De diviser tout par 12, ça c’est les dépenses fixes mensuelles. Le reste, on le répartit entre épargne de précaution, trucs nécessaires et plaisir et voilà! C’est tout de même pas compliqué! Euh… si.
En revanche, tout le monde se passionnait pour les placements: et que je te recommande l’immobilier, et que je te tire des plans sur la comète… pardon… la bourse.
Très bien, mais le truc basique, là, comment on fait? Comment je fais pour ne pas être à découvert tous les mois? Par quoi je démarre?
On démarre par « Mais où passe mon argent? »
ETAPE 1 : Y VOIR CLAIR
Matériel: un petit carnet ou un bloc de post-it toujours sur vous avec un stylo + un porte-feuille ou porte-monnaie + un PC avec tableur (chez vous, voyons).
Méthode: pendant un mois, on garde toutes les traces de nos dépenses. Les vrais tickets car les « facturettes » de carte bleue ne sont pas très parlantes. On note, tout de suite en sortant du magasin, ce qu’on a payé en liquide (même la baguette du boulanger). On met tout ça dans une enveloppe. Oh, et on remplit ses talons de chéquiers tout de suite.
Important à ce stade: être précis et complet. Ne comptez pas sur votre mémoire car elle a des trous, justement, en matière de budget …
Note: il n’y a pas de période idéale pour commencer et, à bien y réfléchir, tous les mois sont des mois exceptionnels d’un point de vue dépense, alors…
ETAPE 2 : CREER LES CATEGORIES
Prenez votre enveloppe et, avec votre tableur, créez un tableau à 15 colonnes.
Colonne 1: catégorie générale
Colonne 2: catégorie détaillée
Colonne 3 à 14: pour les mois de l’année
Colonne 15 : somme de la ligne
Prenons un ticket de supermarché.
Vous avez acheté de la nourriture « de base », du champagne pour fêter l’anniversaire de Bastien, des chaussettes pour Lucie, du produit vaisselle et des bougies parfumées. Si vous voulez savoir à quoi vous dépensez votre argent, saisir « Carrechan = 122 euros » ne vous apportera aucune information utile.
Il faudra donc répartir vos achats par catégorie.
Imaginons une ligne de catégorie générale qui s’appellerait « NOURRITURE ». C’est déjà bien de la créer, parce qu’on sait que c’est un gros poste de dépense.
Mais on peut mieux faire pour y voir plus clair.
Créez dans la colonne 2 « catégorie détaillée », une ligne « ALIMENTATION COURANTE » dans laquelle vous rentrerez la somme de toute la nourriture « de base » (pâtes, légumes, yaourt…). Bien sûr, il faudra ajouter le montant de vos dépenses en liquide chez le boulanger. Ca ne vient pas de Carrechan, mais c’est de l’alimentation de base.
Puis créez une nouvelle ligne « FETES »: celle-là, c’est pour le champagne.
Puis une autre ligne « RESTAURANT » par exemple.
Les chaussettes de Lucie iront dans la catégorie VETEMENTS, sous-catégorie LUCIE. Dans VETEMENTS, vous auriez aussi une sous-catégorie TEINTURIER, si ça s’applique à votre vie.
Donc, ça devrait ressembler à:
COLONNE 1
COLONNE 2
MOIS
…
TOTAL
CATEGORIE
SOUS-CATEGORIE
JANVIER
…
NOURRITURE
ALIMENTATION COURANTE
453,80
NOURRITURE
FÊTES
37,50
NOURRITURE
RESTAURANT
60
VETEMENTS
LUCIE
22
VETEMENTS
BASTIEN
0
VETEMENTS
TEINTURIER
5,90
Le montant du produit vaisselle irait dans MAISON- ENTRETIEN et les bougies dans MAISON – DECORATION.
Donc vous allez créer les catégories en fonction de votre vraie vie, c’est-à-dire en fonction de ce que vous dépensez vraiment. Je vous suggère de faire ces calculs et répartitions une fois par semaine.
Question du pauvre lecteur qui est déjà dans le rouge à la banque: Laurence, vous êtes sûre que je dois entrer dans ce niveau de détail? Pointer mes comptes ne suffit-il pas?
Réponse de Laurence qui est passée par là: L’argent et son usage sont évidents pour une partie de l’humanité. Pour l’autre partie, l’argent, c’est comme le temps: ça file entre les doigts sans qu’on sache exactement ce qu’on en a fait. C’est certainement l’approximation qui vous met dans le rouge: vous n’avez pas de vue complète et exhaustive de ce qu’il se passe. Si vous voulez mettre de l’ordre dans vos finances, il faut regarder les choses en face. Et cela passe, hélas, par de la précision.
Au bout de quelques mois, vous ferez des découvertes. Vous dépensez plus que ce que vous croyez à certains endroits. C’est bien sûr là-dessus qu’il faudra travailler par la suite…. mais c’est pour le prochain article.
Budget: le vrai prix de votre travail
Mais Laurence, vous étonnez-vous mezzo voce, c’est la même chose, non?
Eh non. Travailler a un coût. Et on le sous-estime souvent. Je vous montre?
Pour pouvoir travailler, il vous faut:
– un mode de déplacement, carte d’abonnement aux transports, voiture (incluez essence, assurance, révisions)…
– un mode de garde si vos enfants sont petits.
Ajoutez la baby-sitter après l’école si besoin. Ou le centre de loisir le mercredi.
– des vêtements décents et… raisonnablement à la mode et variés.
Je parie que vous ne vous habillez pas en semaine comme le week-end. Et que vous n’aimez guère porter deux jours de suite la même tenue
– un rendez-vous régulier chez le coiffeur. On ne peut pas toujours se contenter d’une ‘tite barrette/chouchou pour être présentable au bureau
– un repas le midi. Même à la cantine, ce n’est pas gratuit. C’est en tout cas plus cher que ce que vous cuisineriez vous-même
– des plats cuisinés/surgelés/à emporter parce que, le soir, vous n’avez ni le temps ni l’énergie de faire à manger
– des distractions reposantes: série TV, jeux vidéos… pour vous remettre de vos longues et pénibles journées de travail
– des vacances, pour la même raison
Imaginons que vous inscriviez vos propres chiffres en face de chacune de ces dépenses, induites par le fait que vous travaillez. Et imaginons que vous en fassiez l’addition. Puis soustrayez ce montant du salaire indiqué sur vos feuilles de paie.
Eh bien, c’est cela que vous rapporte votre travail.
Certaines ont fait le calcul: c’est négatif. Autrement dit, travailler leur coûte de l’argent.
Et vous, avez-vous fait ce calcul? Qu’est-ce que ça donne? Avez-vous choisi votre activité professionnelle en tenant compte de ces « dépenses cachées »? Qu’avez-vous mis en place pour rendre votre job plus »rentable »?
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