Compagnons perfectionnistes, laissez-moi vous aider à mater votre procrastination. Allons bon, vous dites-vous en souriant (parce que vous êtes indulgents, je le sais bien), voilà la dame du blog qui se (re)met à prêcher.
Je voudrais en effet vous parler de perfection. Ah, la recherche de la perfection! Ce nirvana vers lequel vous et moi, chers compagnons de misère, tendons inlassablement sans jamais y arriver… Décortiquons-le donc ensemble, ce graal. Pourquoi? A cause de ce qu’il nous fait faire. Et de ce qu’il nous empêche de faire.
Si vous n’êtes pas perfectionniste, vous pouvez zapper cet article. Il y en a d’autres, très bien aussi, sur ce blog. Tiens, par exemple, celui-là.
Mais comment tu me parles?
Un perfectionniste, comme tout un chacun, se parle, dans sa tête. Il s’encourage (peu), se stimule (beaucoup), s’enguirlande (passionnément). Il s’enjoint à faire plus d’effort, à persévérer, à aller jusqu’au bout. Même si « le bout » n’est pas toujours très clair .
Plus fort, plus haut, plus loin, mieux: ça, c’est le monde du perfectionniste.
Donc, il se parle à lui -même, dans les termes qu’un coach sportif des pays de l’est ne répugnerait pas à utiliser. C’est-à-dire non pas forcément en hongrois ni en polonais, mais pas gentiment, en tout cas.
Voici les termes qu’un bon perfectionniste emploie volontiers:
- tout. Comme dans « je dois ranger (tout) mon garage »
- en une seule fois. Comme dans « je dois ranger tout mon garage (en une seule fois) »
- parfaitement. Comme dans « je dois ranger (parfaitement) tout mon garage en une seule fois ».
Eh bien quoi, Laurence, où est le problème?
Mais quel problème?
LES problèmes, cher perfectionniste.
Les voici:
- Personne – j’insiste: absolument personne – ne vous a demandé de transformer cette simple intention : »je dois ranger mon garage » en « je dois ranger parfaitement tout mon garage en une seule fois ». Donc, vous n’êtes pas obligé de vous mettre une telle pression. D’ailleurs, j’aime autant vous le dire, personne ne vous donnera de médaille si vous y arrivez. Tout le monde s’en moque que vous finissiez épuisé parce que vous avez voulu trop en faire.
Oh, je sais, vous considérez que si ce n’est pas pour faire parfait et complet, du premier coup, ce n’est même pas la peine de commencer.
D’où le problème N°2. - Ranger le garage, parfaitement et en une seule fois, demande:
- du temps (que vous n’avez pas)
- des boîtes comme ci et comme ça (que vous n’avez ni le temps ni l’envie de mesurer à l’avance)
- des décisions à prendre (je jette/ je garde/ j’emporte à la déchetterie/je garde pour mes enfants/je garde pour bricoler…)
- Il faut donc, d’après vous, que toutes les conditions ci-dessus soient réunies, les planètes alignées dans le bon ordre, les boîtes prêtes, l’énergie au top pour pouvoir prendre à bras-le-corps ce fichu projet de rangement de garage, du début à la fin, en une seule session.
- Comme ça n’arrive jamais, un tel concours de circonstance….devinez ce qu’il se passe? Comme vous ne vous autorisez pas à « laisser les choses en plan », comme vous pensez que que s’interrompre, c’est « ni fait ni à faire »….
- Vous ne rangez pas le garage. Et ça dure depuis 6 ans.
Vous venez donc de découvrir que votre perfectionnisme est la cause de votre procrastination. Et, horreur, qu’il s’applique dans votre vie privée et professionnelle (présentation Powerpoint, mise à jour d’un CV ou saisie de notes de frais, vous êtes là?).
C’est râlant, hein, quand on sait à quel point vous êtes capable de grandes choses. Et pire, se faire accuser de bordélisme alors qu’on rêve de perfection, quelle injustice!
Mais alors, que faire? Saucisson et dialogue intérieur
Vous vous souvenez de la fois où nous sommes partis pique-niquer tous ensemble? La technique du saucisson est l’une des meilleures astuces que je connaisse pour calmer le perfectionnisme procrastinateur. Vous pouvez m’en croire, je suis tous les jours obligée de me l’appliquer à moi-même*.
Souvenez-vous que « commencer » ne veut pas dire « finir dans la foulée ». Au contraire, délectez-vous des termes suivants: débuter – poursuivre – continuer – reprendre – commencer à en voir la fin – finir. Voire, pour le plaisir, mais seulement à la fin: perfectionner – fignoler.
Répétez-vous en boucle: commencer est toujours mieux que ne rien faire (1 est supérieur à 0, si vous voyez ce que je veux dire).
En plus de ça, à chaque fois que vous vous prendrez en flagrant délit d’utiliser mentalement les mots tout/nickel/parfait/en une seule fois dans la même phrase, demandez-vous si quelqu’un vous force à raisonner ainsi. Pas de couteau sous la gorge, de menaces de morts, d’apocalypse en vue? Relax, alors. Une tranche de saucisson suffira bien pour aujourd’hui. Ou deux, allez, parce que c’est vous.
*Bon, sauf pour l’écriture de cet article, bien entendu. Et le ménage, ça va de soi. C’est comme mon repassage, maintenant que j’y pense… vous voyez, quelques zones de perfectionnisme font du bien aux gens comme nous.
Quelques autres court-circuits à procrastination:
https://sorganiser-facile.com/2010/08/16/piece-tres-tres-encombree-par-quoi-commencer/
https://sorganiser-facile.com/2011/03/25/desordre-procrastination-2-minutes/
La contrainte: vraie motivation ou leurre?
Photo by Andrew Neel
Je ne compte plus les fois où on me dit:
Laurence, on a bien lu votre article sur comment se motiver (ça me fait plaisir de voir que ce blog vous sert à quelque chose). Mais, au fond, pourquoi avons-nous tout le temps besoin de contraintes extérieures à nous pour nous mettre en branle? »
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10 Commentaires
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