Dans ma vie antérieure, personne ne se serait déplacé chez un client sans sa présentation Powerpoint, dite aussi « prez ».
Peaufinée à moulte reprise par le service marketing produit, le service communication, bénie par le responsable des opérations, cette prez , notre vademecum, était invariablement bourrée de « bullet points », flèches circulaires, images animées et surtout graphiques ascendants.
Elle représentait la substantifique moëlle de l’entreprise, son credo, la ligne du parti.
A peine « retravaillée », la voilà montrable à un public de journalistes blasés lors d’une conférence de presse.
Retravaillée de nouveau (avec davantage de chiffres et de tableaux) et hop, voilà pour les investisseurs.
Déclinée comme ci et comme ça, et hop, parfaite pour le prospect somnolent que chaque fournisseur assomme de sa propre prez.
Un article du New York Times rapporte que le général McChrystal, commandant en chef des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan s’est vu projeter une présentation Powerpoint (censée représenter la complexité de la stratégie militaire des US en Afghanistan) d’une telle complexité justement qu’il n’a pas eu d’autre solution que de s’exclamer mi-figue mi-raisin : « quand nous aurons compris ce schéma, nous aurons gagné la guerre ».Voici de quoi il parlait:
On le comprend. Pas le schéma, le général.
Le temps passé sur Powerpoint est aujourd’hui un sujet de plaisanterie au Pentagone. « Powerpoint nous rend idiots » a récemment déclaré le général James Mattis, chef du US joint Forces Command. « Dans le monde, certains problèmes ne sont pas transformables en puces« .
Cet état de fait est toutefois de moins en moins pris à la légère: les officiers subalternes (Powerpoint rangers!) se retrouvent accaparés par la préparation quotidienne des diapositives pour tout et n’importe quoi. Ce qui nuit à l’indispensable travail de réflexion stratégique. En 2009, lorsque que le site internet Company Command a demandé à un chef de section de l’armée de terre en Irak à quoi il passait le plus de temps « à faire des présentations Powerpoint » a-t-il répondu.
Le général Petraeus qualifie de « pure souffrance » ce temps passé à subir les présentations même s’il apprécie les qualité du logiciel de Microsoft. Dans le jargon des militaires, les présentations Powerpoint destinées à la presse servent à « hypnotiser les poulets »! (article d’Elisabeth Bumiller, traduit dans Courrier International).
Dans les entreprises, de plus en plus de cadres pensent en puces, produisent des diapos au kilomètre, font tourner des flèches, clignoter des acronymes, ajoutent extraits video et musiques grandiloquentes. Dans votre entreprise, c’est comme ça aussi?
Merci Sinou. Justement, j’utilise Keuynote, pour ma part… mais je crains de ne jamais être à la hauteur de Steve!
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Leçon de PowerPoint par Al Core et Steve Jobs… http://www.slate.fr/story/21943/powerpoint-steve-jobs-al-gore
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