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Les mythes de la gestion du temps: la matrice d’Eisenhower

Si vous avez suivi une formation à la gestion du temps, on vous a certainement parlé de plusieurs méthodes pour prioriser votre travail. Dans cet article, je m’attaque à la matrice d’Eisenhower.

L’objectif: prioriser mes tâches

En faisant une liste des tâches à réaliser, je me rends bien compte qu’il faut que je les priorise. Pour ce faire, je les positionne sur une matrice à 4 quadrants.

URGENTNON URGENT
IMPORTANTTÂCHES À ÉCHÉANCE PRÉCISE QUE L’ON NE PEUT PAS REPOUSSER => A FAIRETÂCHES À ÉCHÉANCE FLOUE, POUR UNE REUSSITE À LONG TERME => A PLANIFIER
NON IMPORTANTTÂCHES A FAIRE MAIS QUI N’UTILISENT PAS MES COMPÉTENCES => DELEGUERTÂCHES SUPERFLUES, DISTRACTIONS => LAISSER TOMBER

Limpide. Et me voilà plaçant sans difficulté mes 92 tâches sur la matrice. Je repère facilement celles qui réclament mon attention en priorité: évidemment, celles que j’ai écrites en haut à gauche. Et, de même, celles que je dois abandonner: elles sont inscrites en bas, à droite. Jusque là, tout va bien.

Pourquoi la matrice d’Eisenhower est (peut-être) une Fausse Bonne Idée

Je conviens volontiers que cette vision instantanée de ma charge de travail est intéressante.

En effet, on positionne assez facilement les projets ou les grands thèmes sur la matrice et cela entraîne une réflexion stimulante.

Cependant, voici les défauts que je relève, à l’usage.

Faire vivre la matrice d’Eisenhower

  • quand une priorité change, dois-je déplacer la tâche? Il se peut que, pour faire vivre la méthode, je me retrouve à passer plus de temps à « m’organiser » qu’à exécuter les tâches en question.
  • la granularité des items à inscrire n’est pas claire: on parle de tâches mais ne vaudrait-il pas mieux positionner plutôt des projets (ou des sous-projets)?

Le quadrant « Planifier » me gêne, parce que j’ai déjà observé que:

  • ce n’est pas parce que je planifie une tâche que mon « futur moi » saura mieux s’y prendre ou sera plus motivé.
  • ce n’est pas parce que je planifie que j’aurai le temps de m’en occuper moment venu (vu que les priorités changent et que les urgences me tombent dessus).

Le quadrant « Déléguer » ne s’applique qu’aux managers, non?

  • les tâches non importantes mais urgentes sont à déléguer: d’accord mais à qui?

Le quadrant « Abandonner » me chagrine pour deux raisons

  • les tâches « superflues » sont à abandonner: mais si elles font le sel de mon boulot voire me permettent d’assurer la cohésion de mon équipe ou me permettent de faire des pauses bienvenues? Après tout, je suis humaine.
  • il m’est arrivé de me dire « Pourquoi diable devrais-je me préoccuper des tâches ni importantes ni urgentes? Je m’en moque, en fait: elles ne font même pas partie de mon champ de conscience ». Autrement dit: à quoi sert le quadrant 4?

Ce que je pense de la matrice d’Eisenhower

Il me semble que cette matrice, qui a le mérite de nous fournir une vision à l’instant T de ce qu’on a à faire, repose sur les pré-requis suivants:

  • mon niveau d’énergie est constant
  • je suis un manager
  • j’ai le temps de me poser régulièrement pour faire vivre le système
  • mes priorités sont stables et connues d’avance
  • peu d’urgences viennent perturber mon travail soigneux de répartition et de planification.

En somme, des pré-requis qui ne me semblent pas refléter la réalité du travail actuel.

De plus, je me permets de rappeler qu’Eisenhower a « officié » dans les années 1940. Je n’en dis pas plus.

Par conséquent, malgré son intérêt, je considère qu’il s’agit d’une FBI (Fausse Bonne Idée) et je ne l’enseigne pas dans mes formations ni dans mes webinaires.

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Mais au fait, que signifie ranger?

Il faut que je range mon dressing, il faut que je range mon bureau, il faut que je range l’armoire remplie de documents laissés par mon prédécesseur, il faut que je range le grenier, la chambre d’amis, le garage… ! STOP.

Submergé par l’ampleur de la tâche et son manque de glamour, pauvre lecteur, vous êtes coincé(e) entre le IL FAUT et le J’AI PAS ENVIIIE.

Mais c’est parce qu’il existe un énorme malentendu. Vous confondez ranger et trier.

Vous pensez, par exemple, que:

– il faut d’abord trouver les contenants (boîtes, classeurs, armoire…) pour fournir une destination à chaque objet. Alors, vous êtes tenté(e) d’acheter des contenants (oui, mais combien, au juste?) et ceux-ci s’ajoutent au bazar existant.

– il faut commencer et finir le rangement dans le même laps de temps (on ne va tout de même pas laisser les choses en plan, non?)

– il faut à la fois décider de ce que l’on conserve et de l’endroit où le mettre.

Dissipons ensemble ce malentendu.

A chaque fois que vous vous trouvez devant une tâche de rangement, pensez qu’il faut d’abord trier avant de ranger.

Petite définition: Ranger, c’est attribuer une place logique à ce que l’on est sûr de garder.

Donc, il faut d’abord savoir quels objets méritent cet honneur: rester avec vous.

Pour que cela soit rapide et efficace (vous m’aimez déjà, je le sens), il faut que le tri ne vous propose que deux possibilités:

OBJET, JE TE GARDE …. ou …. OBJET, TU SORS DE MA VIE.

Alors, tout devient plus facile.

Vous abordez le dressing/placard/armoire/chambre/grenier avec un sac poubelle ou un carton.

Vous prenez chaque objet/vêtement/papier.

Pour chacun, vous décidez selon la règle simplissime ci-dessus.

Au début, vous irez lentement. Avec la pratique (et sans doute la lassitude), vous gagnerez en vitesse.

Ne cherchez pas la destination idéale de chaque objet, ne faites pas de tas par « genre », ne tentez surtout pas de mettre les gagnants dans une boîte, un sac plastique, une corbeille, que sais-je. Ne vous précipitez pas chez le Suédois avant d’avoir tout trié.

Restez juste concentré(e) sur la règle JE TE GARDE/TU SORS.

Arrêtez quand vous le voulez. Marquez l’endroit où vous vous êtes arrêté(e). Pour ne pas « re-trier » les mêmes choses la fois suivante, bien sûr.

Lorsque vous vous aurez fini votre tri (peu importe le temps que cela prendra), vous pourrez enfin réfléchir au rangement proprement dit. Parce que là, vous aurez sous les yeux le nombre exact d’objets et leur forme. Là, vous pourrez les regrouper selon votre logique.

Vous pourrez choisir les contenants en toute connaissance de cause.

Et les marquer de façon claire. (pour les papiers, par ici).

Oui, mais Laurence, votre méthode ne me semble pas très rationnelle: on manipule les objets deux fois: une fois pour les trier, puis encore une fois pour les ranger. N’aurais-je pas plus vite fait de faire les deux opérations en même temps?

Pardonnez-moi, mais cela montre peut-être un léger manque d’observation de votre part.

N’avez-vous pas constaté à quel point vos essais de rangement « à l’économie d’effort » n’ont jamais bien fonctionné?

  • Soit vous possédez des contenants inadaptés en taille et volume,
  • soit vous n’êtes jamais allée(e) au bout de vos rangements,
  • soit une partie des objets sont stockés ici, une autre là, sans vraie logique,
  • soit vos placards sont bourrés d’objets devenus inutiles et ceux que vous utilisez se balladent partout dans la maison, vous encombrant chaque jour davantage,
  • soit vous détestez tellement le rangement (parce que vous avez involontairement rendu la tâche titanesque) que vous rangez le moins souvent possible.

N’accusez pas vos gènes, votre paresse, votre logement, vos proches…

Il suffit juste de distinguer tri et rangement.

Malentendu dissipé, M’sieurs,dames?

Essayez aussi la technique rapide des zones à bazar varié.

Ou bien la technique plus sophistiquée trois cartons/un sac.

Article initialement publié en septembre 2012

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Qu’importe l’outil pourvu …

Laurence, qu’est-ce que vous recommandez comme smartphone, comme applications, comme agenda, comme produits ménagers… pour mieux m’organiser?

Je vais vous décevoir, je le crains: ce n’est pas l’outil (tout sophistiqué soit-il) qui fait l’organisation.

High-tech ou pas?

On peut très bien s’organiser, avec une précision d’horlogerie suisse, à l’aide d’un simple cahier et d’un agenda.

Mais aussi, si vous le sentez comme ça, avec une combinaison d’ Omnifocus + Week Cal sur Iphone et  Mac (mon choix high tech, si vous insistez vraiment pour que j’avoue).

La version high tech ne sera pas forcément « mieux » que l’autre.

Pour vos outils en général (et pour ceux destinés à votre organisation en particulier), prenez ceux que vous voulez*, pourvu que:

1- ils vous plaisent, vous amusent

2- ils soient bien ajustés à vos besoins: ni trop simplistes, ni trop sophistiqués, juste bien.

A partir de là, c’est votre régularité à vous en servir qui sera déterminante.

Pour vous organiser, l’outil lui-même a moins d’importance que ce que vous croyez.

Exemples d’outils dont il n’est pas sûr que vous tiriez profit

1-  A la maison

Vous ne ferez pas mieux le ménage, ni plus souvent, parce que vous avez un balai Sniffer. Et Salsa, votre nouveau robot aspirateur, ne rendra pas votre maison plus propre que si vous aspiriez à l’ancienne (vu qu’il faut de toute façon dégager le sol et poser les espèces de bornes. Encore une bête à enclos, tiens). Au début, ça vous amusera puis plus tellement: cela reste du ménage.

2- Partout avec vous

C’est comme votre smartphone. Vous vous souvenez? Ouh, comme c’était tentant cet outil intégrant tant de fonctionnalités! Comme on allait enfin pouvoir s’organiser pour de vrai!  C’est selon. Parce que tout ça c’est bien beau mais il faut sauvegarder, synchroniser, s’astreindre à saisir les contacts, recharger, supprimer les post-it « parce que tout est là-dedans » maintenant (geste fier)? Eh oui.
En revanche, vous êtes devenu un pro de Oiseaux Fâchés et Fesse Bouc, c’est vrai.

3- Au bureau

Et Pouvoirpoint, alors? N’avez-vous jamais caressé l’espoir (vain) qu’en vous collant devant le clavier, l’inspiration vous viendrait, là, comme ça? Et du même coup, des idées bien organisées sous forme de puces? Ben voyons.

Moi, je dirais plutôt: qu’importe l’outil pourvu qu’on ait la méthode

*Note:  Il va de soi, tout de même, qu’on évite les FBI notoires:  agenda trop petit, cahier trop fragile, produit trop toxique, application trop complexe dans une langue qu’on maîtrise mal, …

Vous  avez déjà succombé à la tentation du nouvel outil « qui me donnera envie de… »? Ca a marché?

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Question des lecteurs « Je suis tête en l’air, ça se soigne? »

Marta me dit:

Bonjour Laurence,

Je suis anarchique ascendant tête en l’air, des choses comme ceci m’arrivent constamment, pourtant, je crois je crois très fort à l’ordre qui rend la vie plus légère. Mais il arrive que:

on avait acheté le cahier et organisé des sections, on a, trois mois plus tard, trois-quatre cahiers avec les infos éparpillées: comment est-on arrivé là?

Oubli d’un cahier – pas bien préparé le départ la veille, genre, ou bien préparé, sorti le cahier pour noter ou consulter, laissé sur la table- on achète un à la volée en se disant qu’on reportera tout dans le premier, puis…

Agenda bien complété, perdu, on ne sait pas comment, deux semaines sans agenda dans l’espoir de le trouver, donc notes sur le téléphone et les cahiers mentionnés-ci dessus…

Bref, avez-vous des méthodes de rattrapage des dérapages? »

L’étourderie est souvent le résultat d’une trop grande concentration… sur autre chose que sur les gestes que l’on est en train de faire!

Voici les pistes que je peux vous proposer:

1- Lorsque vous posez quelque chose chez vous, arrêtez-vous une fraction de seconde pour « flasher » de l’oeil ce que vous êtes en train de faire. Stoppez votre dialogue intérieur et enregistrez dans votre mémoire l’emplacement de l’objet et les éléments les plus proches: « là, je suis en train de poser mon cahier sur le meuble de l’entrée, à côté du vide poche ». Effet de bord: cet exercice est excellent pour la mémoire.

2- Créez des rituels pour tout ce qui est récurrent. Le rituel suprême, pour vous Marta, étant la consultation de l’agenda et du cahier. A faire tous les jours, à moment fixe. Il est impossible de perdre gravement quelque chose dont vous vous servez quotidiennement. Votre brosse à dents, par exemple, vous la perdez?

3- Faites des cheks-lists  à tête reposée et écrivez-les sur votre smartphone ou punaisez-les au mur. Exemples: « Ce que je dois prendre pour aller chez Chéri », « Ce qu’il me faut pour un rendez-vous professionnel » etc.

4- Purgez, ma chère. Si votre intérieur et/ou votre sac à main sont très encombrés, plus rien ne ressort visuellement: vous avez du mal à repérer les objets que vous cherchez.

Si, en plus, vous avez N exemplaires du même objet, celui qu’il vous faut se retrouve noyé au milieu des autres qui lui ressemblent.

Si vous n’aviez qu’un seul cahier, coloré, robuste, vous le trouveriez plus facilement. Appelons cela  la technique de »l’aiguille minimaliste dans la botte de foin« .

Dans vos sacs, placez les « permanents » (voir cet article) toujours dans les mêmes poches.

5- Fabriquez des déserts. Chez vous, délimitez des petites zones de vide (cf cet article, pour la façon de procéder), qui sont comme des repos visuels. Sur ces déserts, un élément important pour vous (comme un cahier ou un agenda) ressortirait bien plus facilement.

Mais, bien sûr, si vous collez des tas de choses sur la zone désertique… ça ne marche plus.

6- Usez et abusez des alarmes pour vos rendez-vous, en tenant compte de votre inertie. 45 minutes avant, ça peut suffire, mais ça dépend pour quoi.

Si  l’organisation personnelle est quelque chose que vous êtes en train d’acquérir, dites-vous que c’est comme un nouveau sport. Impossible d’atteindre un niveau convenable sans faire d’erreurs.  Remontez donc à cheval, Marta!

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